ABSTRACT :
En combinant une analyse juridico-légale avec des données obtenues au cours d’un travail de terrain qualitatif et longitudinal, nous nous intéressons à l’impact des contraintes temporelles sur les trajectoires de migrant.e.s dans le pays d’accueil. La dimension temporelle des mesures de contrôle de l’immigration étant associée à une domination bureaucratique et administrative (Bourdieu, 1997), le temps fonctionne comme une pratique étatique disciplinaire. Par conséquent, la législation et les pratiques administratives (temps institutionnel) imposent un certain ordonnancement temporel aux parcours de vie des migrant.e.s qui vient contredire la temporalité des trajectoires individuelles et leur expérience personnelle du temps. Les politiques migratoires des pays d’immigration, et la catégorisation des migrants dans divers statuts légaux prédéfinis jouent un rôle direct dans la création et le maintien d’un sentiment d’incertitude temporelle et d’instabilité à l’égard du futur. Comme les migrations sont de plus en plus régulées comme des phénomènes temporaires, les migrant.e.s voient leur vie se mettre « en pause » (Brekke, 2010) et se voient contraint.e.s de vivre uniquement dans le temps présent. Être en séjour temporaire affecte la majorité des sphères de vie et augmente les risques de tomber dans l’irrégularité. Les titres de séjour temporaires et conditionnels impliquent que les trajectoires des migrant.e.s ne sont pas linéaires (Landolt & Goldring, 2015). Par conséquent, nous pensons que l’incertitude ainsi que l’irrégularité font partie intégrante de l’expérience de beaucoup de migrant.e.s, notamment à cause de temps d’attente longs, d’échéances peu transparentes voire inexistantes, de zones grises dans la législation, etc. De plus, le fait d’être temporaire n’est pas neutre d’un point de vue normatif (Dauvergne & Marsden, 2014). Cette situation entraine un accès aux droits et une intégration différenciés, renforçant ainsi l’insécurité et les inégalités. Néanmoins, les migrant.e.s ne sont pas impuissants face à l’illégalité, aux séjours temporaires ou à l’incertitude et peuvent développer des stratégies pour mener à bien leurs projets et aspirations personnels.

CONFÉRENCE :
19ème Conférence Nordic Migration Research « New (Im)mobilities : Migration and Race in the Era of Authoritarianism », Institut de Recherche sur les migrations, l’ethnicité et les sociétés (REMESO), Université de Linköping (LiU), Norrköping (Suède), 15-17 août 2018.
TITRE DE LA COMMUNICATION :
La précarité comme produit du temps : expériences de la temporalité par de migrants adultes extra-Européens en Belgique
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